Parce qu'après tout, on sait jamais. (Leigh)

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Parce qu'après tout, on sait jamais.
Ft. Leighton & Ana

Un verre, puis deux. Ana était adossée au comptoir comme un alcoolique l'aurait fait, dans un vieux bowling. Son maquillage avait coulé, ses yeux étaient rempli d'une haine et d'une tristesse indescriptible et ses lèvres tremblaient. La jeune femme sentait sa gorge qui la brûlait à cause de l'alcool. Elle allait mal, dansait au bord précipice, et il n'y avait personne ici pour la sauver, juste pour admirer sa chute. Ana serra son poing sur le verre et ce dernier manqua de se briser. La descente aux enfers recommençaient.

Quelqu'un entra dans le bowling, et elle ne regarda même pas, les yeux trop concentrés sur le liquide qui empestait dans son verre.
Ploc
Une larme était tombé sur le comptoir, et Ana la regarda avec une étrange sensation, une envie soudaine de rire, ou de pleurer. Elle ne savait plus ou elle en était, perdue, voilà ou elle était. Dans une ville inconnue, avec personne pour l'aider, l'hôpital psychiatrique la recherchant toujours, et la culpabilité qui la rongeait peu à peu. L'inconnu qui venait d'entrer s'assit à côté d'elle, et la jeune femme baissa la tête et ses cheveux bruns recouvrèrent son visage. Elle ne voulait pas qu'on voit son visage, et encore moins son désarroi. Elle détestait la pitié et les regards qui signifiaient "la pauvre". Ça l'énervait, et elle se mettait à tout casser, comme une folle.

Elle se risqua à jeter un regard à l'inconnu qui se tenait à côté d'elle. Il était grand, brun avec de beaux yeux bleus et une barbe de quelques jours. Les gens se ressemblaient-ils tous ? Tous beaux, forts, grands et puissants ?
Pas elle, en tout cas.

⊹pas sans intelligence⊹

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Je regardais l'établissement d'un regard assez inquiet. Vu la façade de l'endroit, j'avais l'impression que mon appartement était un palace. Je ne m'attendais pas au grand luxe de toute façon. Après avoir fini ma cigarette, je la jetai sur le sol, l'écrasai du bout de ma chaussure et me dirigeai vers la porte. Mes pieds foulèrent le sol sali de l'entrée. Dans ce quartier tout était pareil. J'examinai les alentours d'un regard blasé. Je n'aimais pas ce genre de lieux. Il y avait trop de monde, trop de brouhaha, des personnes ivres et violentes. Tout ceci partait souvent en dispute et en bagarre. Ou sinon, on s'y ennuyait à mourir, on restait au bar, des gens à qui on ne voulait pas parler nous abordaient. Quand j'y venais, s'était toujours pour un boulot et rien de plus. C'était d'ailleurs le cas aujourd'hui, plutôt ce soir, vu l'heure tardive.

Trois jours plus tôt, j'avais été contacté par un homme, il voulait que je suive quelqu'un pour lui, que je le renseigne sur ses agissements. Quoi de plus banal. Au moins je n'allais pas tuer pour l'instant. D'après mon employeur, il traînait vers ici. J'avais beau regarder partout, je ne le voyais pas. Il ne devait présentement pas être ici. J'avais fait le déplacement pour rien.

Alors que je m’apprêtais à sortir, elle attira mon attention. Elle avait du noir autour des yeux. L'air si triste et tourmentée que je me reconnus en elle. Une détresse dans son regard qui m'alerta. C'était moi dans mes jeunes années. En colère et triste de ne plus rien gérer dans ma pauvre vie. Je me dirigeai vers elle et m'assis sur le tabouret à côté. Je commandai un whisky. Un petit remontant de temps en temps ne pouvait pas faire de mal. Elle se cacha sous sa cascade de cheveux bruns aussitôt. Je ne dis rien. Premièrement, parce que je n'avais rien à dire. Et en second parce que tous mes mots n'auraient rien changé. Je sentis le regard de la jeune fille se poser sur moi mais, préférai me plonger dans mon verre.

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Ana regardait encore le jeune homme assis à côté d'elle. Avait-il pitié d'elle ? Ou se délectait-il dans sa souffrance ? La jeune femme n'en savait rien, et elle ne voulait rien savoir. Elle trempa son index dans sa boisson et le posa sur le table pour écrire quelque chose. Quelque chose d'invisible, que seul ceux qui ont côtoyé la folie peuvent lire.
Who am I ?

Ana savait que le jeune homme à côté d'elle allait la prendre pour une timbrée, et il la ramènerait à l'hôpital psychiatrique. C'est ce que font les gens normaux, avec les fous. Seulement, il avait l'air différent. Il dégageait un air de confiance malgré son expression dure, et étrangement, la brunette avait envie de sauter dans ses bras et d'y pleurer, des heures et des heures.

- ça fait quoi, d'avoir quelqu'un pour toi ? Enfin ...

Elle l'avait marmonner, assez fort tout de même pour que le brun l'entende. Ana avait dit ça avec une voix hésitante, pas assurée. En même temps, la jeune fille s'adressait à un inconnu, et lui posait des questions bizarres. Comme quoi, les gens étranges posent des questions étranges.

- Je veux dire ... c'est bien ?

Ana tourna la tête vers lui et plongea son regard dans le sien quelques instants avant de disparaître une nouvelle fois sous ses cheveux brun. Elle venait de se ridiculiser avec ces questions et elle se sentait plus que stupide, en plus d'être en colère et triste. Un cocktail de sentiment dégoûtant, voilà comment on peut faire fuir les gens.

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Je sentais toujours son regard peser un peu sur moi, ce qui commençait à me gêner un peu. Je n'aimais pas vraiment que l'on me regarde longuement, que l'on me dévisage. J'avais l'impression que si on regardait entre mes traits, on allait découvrir mes secrets, mon histoire et c'était exactement ce que je ne voulais pas. Je le regardai alors à mon tour du coin de l’œil. Je la voyais jouer avec la fin du liquide dans son verre qu'elle étalait sur le comptoir avec son doigt. Je laissai glisser mon index sur le rebord du bar. Alors que j'en enlevai la poussière qui s'y était déposée d'un geste un peu dégoûté, elle brisa le silence. - ça fait quoi, d'avoir quelqu'un pour toi ? Enfin ...

Sa voix m'avait fait frissonner. Étonnamment, je n'avais pas pensé que l'un de nous deux parlerait. Surtout de façon aussi directe tout en étant aussi peu rassurée. Et, que voulait-elle dire par là? Je n'avais pas vraiment quelqu'un de très proche dans ma vie. Mon frère à la rigueur mais, il était la personne à qui je devais cacher le plus de choses. En plus de cela, il était à l'hôpital et je me voyais mal tout lui révéler sur ma vie. Elle continua sur le même ton : - Je veux dire ... c'est bien ?

La sensation de bien être n'avait été là que dans les moments de mon enfance, quand j'étais jeune et ne comprenais pas tout. Et après, mon adolescence est arrivée et tout s'est corsé. Pas que je n'ai pas d'amis, j'en ai peut-être seulement quelques uns. Mais, je ne me sens pas assez en confiance avec eux. Je ne suis pas bien. Elle se retourna vers moi et plongea ses yeux partagés d'émotions dans les miens. Je me mis à jouer avec le dessous de verre en répondant : - J'en sais trop rien à vrai dire. Cela doit sûrement apporter un peu de réconfort. Je pivotai complètement vers elle – ça doit être assez reposant...

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Le regard du jeune homme était plongé aussi dans le sien, ils se regardaient, tout les deux aussi désespérés l'un que l'autre. Enfin, c'était l'impression qu'Ana avait. Elle avait brisé le silence d'une façon brutale, un peu trop peut-être. Elle s'en voulut aussitôt, et mit une mèche de cheveux qui recouvrait son œil droit derrière son oreille. Vraiment, qu'est-ce qu'elle était maladroite, quand elle essayait de parler avec quelqu'un.
En même temps, Ana s'appelle Ana, et pas "la-fille-la-plus-sociable-du-monde".

Le garçon en face d'elle jouait avec son dessous de verre, avant de la regarder encore une fois. La jeune fille le détaillait, essayant de l'analyser comme elle l'aurait fait avec n'importe qui d'autre, mais une petite voix dans sa tête lui dit d'arrêter de suite. A croire qu'elle était tombé sur ... la petite voix dans sa tête.

- J'en sais trop rien à vrai dire. Cela doit sûrement apporter un peu de réconfort. puis il se mit en face d'elle. - ça doit être assez reposant...

Ana resta muette, jusqu'à ce qu'une avalanche de mot déboule de ses lèvres tremblotantes, tout y passait ; son histoire, sa raison de sa venue ici, sa douleur, David, ses parents, l'hôpital, absolument tout. Lorsqu'elle eut finit son récit, une larme roula sur sa joue, sentant un poids de moins sur ses épaules.

- Désolé ... marmonna t-elle. - j'aurai pas du.

Elle s'apprêta à se lever, mais elle se résigna. Elle avait lancé les dés, il était trop tard.

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parce que je suis conne et que j'ai édité mon post à la place de citer, je vais le réécrire

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Bizarrement, le garçon en face d'elle resta muet après tout ça, et Ana se sentait nauséeuse, et surtout honteuse Elle baissa rapidement la tête. Puis il commanda deux verres d'eau.

-Ne t'excuse pas.

Le jeune homme posa sa main sur celle d'Ana, et elle releva immédiatement la tête, une sensation étrange la parcourait. Quelque chose qu'elle avait très peu connue, un sentiment positif, autre que la satisfaction et l'extase. Un truc bien, mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, pourtant, il était bien là, ce bidule.

- Si tu m'as parlé c'est que t'en avais besoin.

Ana hôcha la tête, toujours cette sensation bizarre d'avoir enfin quelqu'un à ses côtés qui était bien présente, dans ses veines, dans sa tête. Soudain, elle eut un flash. L'amitié. Voilà ce que c'était, la chose qu'elle n'avait jamais éprouvée avant, ce sentiment d'amitié indéfinissable. Ana s'humidifia les lèvres et lorsque le serveur arriva avec les deux verres d'eau, Ana le regarda et en but une gorgée. C'était extraordinaire, bizarre, mais ça lui foutait plus les jetons qu'autre chose. Elle qui aurait voulu vivre une vie sans attaches, parfaite, c'était foutu. Il était là maintenant. Qu'allait-elle faire de lui ? La jeune femme lui avait raconté sa vie, et maintenant, elle s'attachait petit à petit sans que ça s'arrête.

- T'as pas peur, de tout ça ? T'as pas peur de moi ?

Ana serra la main du jeune dans la sienne tout doucement, parce qu'elle savait que c'était trop tard. Alors mieux vaut rester amis que d'essayer de l'effacer, ce qui est trop tard.

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Elle avait redressé sa tête après le contact de nos deux mains. Je ne ressentais aucune attirance pour elle, aucun désir de la séduire. Je voulais juste parler. L'écouter me parler. La voir peut-être même un jour sourire. Parce qu'après ce soir, je n'avais pas l'intention de l'oublier de sitôt. Je bus une grande gorgée d'eau quand celle-ci arriva. Je m'étouffai presque après sa question.

- T'as pas peur, de tout ça ? T'as pas peur de moi ?

Elle avait comme lu dans mes pensées. Putain ! Etais-je si transparent ? Ou est-ce que je l'étais parce que je baissais ma défense. Parce que je venais de trouver quelqu'un à qui enfin faire confiance. Quelqu'un a qui je m'attachais petit-à-petit, sans m'en rendre vraiment compte. Quelqu'un que je voulais apprendre à connaître au-delà de son histoire. Et puis, ce fut à mon tour d'être honnête et je lui dis :

- J'ai peur ouais, je suis effrayé même. J'ai peur de ma propre histoire. Et deux tous ceux qui essaient d'en savoir plus sur moi. Et toi, tu me fais encore plus peur parce que c'est moi qui veut te connaître et tout te raconter. Mais une autre partie de moi me dit de fermer ma bouche et de partir avant de concrétiser ce que je veux faire.

Sa main se serra autour de la mienne. Et, comme sans vraiment savoir pourquoi, plutôt que de la repousser comme j'aurais fait avec n'importe qu'elle personne à qui je m'attache trop vite, je lui souris. Et ce fut un vrai sourire. Un de ces rares sourire qui disaient : tu m'as attrapé dans les mailles du filet. Et le pire dans tout ça, c'était que ce contact simple me faisait du bien. Comme si elle me donnait un peu de sa force.

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Ana vit le brun en face d'elle s'étouffer. Elle avait touché une corde sensible, et elle s'attendait à un mensonge, et à la place, le jeune homme prit un espèce d'air grave et il fût honnête, comme elle l'avait été aussi.

- J'ai peur ouais, je suis effrayé même. J'ai peur de ma propre histoire. Et deux tous ceux qui essaient d'en savoir plus sur moi. Et toi, tu me fais encore plus peur parce que c'est moi qui veut te connaître et tout te raconter. Mais une autre partie de moi me dit de fermer ma bouche et de partir avant de concrétiser ce que je veux faire.

Le jeune homme lui fit un sourire sincère. Instinctivement, la jeune femme lâcha sa main et le prit dans ses bras, manquant de le faire tomber et de tomber au passage. Jamais elle n'avait voulu prendre quelqu'un dans ses bras comme ça, jamais elle n'avait eue l'impression d'être autant en sécurité. Ca la démangeait de quitter cet endroit, et de se mettre à faire la folle avec le garçon, tout lui dire à ne plus en avoir de salive, lui raconter des blagues nulles et boire un verre pour le plaisir. Ana était étrangement heureuse, et ça lui plaisait.

Ce sentiment étrange, qui nous nargue chaque fois qu'il est pas là, alors c'est ça, l'amitié ? Ca fait mal quand t'es seul, et ça te rends fou quand il est de retour ? Une relation fusionnelle, à deux, un peu comme l'amour ?

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Je perdais doucement mon sourire. Ce que je venais de dire n'étais pas vraiment un compliment. Je venais juste de lui prouver que j'étais une asocial. Je devais avoir l'air tellement ridicule. Mais, elle me prit dans ses bras d'un geste réconfortant. Mon tabouret tangua un peu et j'eus le réflexe de m'accrocher au comptoir pour nous empêcher de tomber tous deux. Situation qui nous aurait sûrement mis dans l'embarras. Je ne sais pas si c'était son intention mais, son geste me consola un peu. Je me sentais plus léger, plus serein de savoir qu'une personne pouvait entendre mes pensées sans me juger et en plus réagir exactement de la façon dont j'avais besoin pour me sentir mieux.

Je serrai mes bras autour d'elle à mon tour et fermai les yeux pour laisser cette sensation de sécurité m'envahir. C'était tellement bien de ressentir ça pour la première fois depuis des années. J'étais presque étonné de moi-même d'avoir laissé entrer quelqu'un si rapidement et facilement dans ma vie. Mais ce qui me surprenait le plus, s'était d'avoir laissé entrer précisément la bonne personne. D'avoir trouvé par un heureux hasard, une amie que je voulais protéger autant qu'elle pouvait être là pour moi.

Puis, je me rendis compte qu'aucun de nous deux ne connaissait le nom de l'autre. Ce qui me fit rire intérieurement après tout ce que nous nous étions confiés. Alors, je dis doucement dans son oreille sans desserrer mon étreinte autour d'elle d'un ton un peu rieur – Au fait, moi c'est Leighton.

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Ana était bien, dans les bras de quelqu’un à qui elle pouvait enfin se confier sans être juger. Quelqu’un que vous pouvez considérez comme un frère, il vous considèrera comme une sœur. Quelqu’un comme lui, quoi. Une sensation de chaleur l’envahit une nouvelle fois, ses bras chaud autour d’elle, c’était doux et réconfortant, surtout quand lui aussi l’entreint de manière fraternelle. Sans s’en rendre compte, elle s’était liée à un inconnu dont elle ne connaissait ni l’âge, ni le prénom, mais qu’elle aimait déjà. La jeune femme était contente d’avoir enfin trouvé cette personne là, la bonne personne. Elle crevait d’envie d’aller jouer dehors, de lui faire une farce, un truc que tout les amis font. D’aller manger barbapapa sur barbapapa, même si ça fait gamin, de se courir après pour finir épuisé à se tordre de rire, malgré que ça ne soit plus du tout de leurs âges. Jamais elle n’avait connu ça auparavant, et maintenant, c’était le commencement de tout. Soudain, il reprit la parole. - Au fait, moi c'est Leighton. Ana eut un sourire. – Et moi, Ana. Mais tu peux m’appeler comme tu veux, je m’en moque. Elle se mit à rire, tout en se replaçant sur sa chaise et en finissant son verre d’eau. La jeune femme prit un air sérieux pas crédible du tout et fronça les sourcils. – Euh ... Alors, Leighton ? elle fit mine de toussoter. - Que faîtes vous dans la vie ? Avez-vous une copine ? Un copain ? Non, je m’en moque de tout ça en fait. C'est trop nul ces questions, j'ai pas besoin de le savoir. Elle balaya ses paroles comme si c’était simplement du vent, un sourire sur le visage. Elle savait que maintenant, elle avait quelqu’un sur qui compter.
Et ce quelqu’un, c’était Leighton.

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J'aurais pu passer des heures comme ça. Dans les bras de cette inconnue. Je n'étais plus du tout déçu d'être rentré dans ce bowling que j'avais auparavant tant détesté. J'étais presque heureux d'avoir été employé par cet idiot. Seule la jeune femme m'empêchait de totalement regretter tout ce que j'avais fait au cours de ma vie. J'arrivais enfin à relativiser. Si je n'avais pas eu tous ces problèmes, si je n'avais pas commis tous ces crimes, je ne l'aurais jamais rencontrée. Je ne me serais jamais sentie aussi tranquille et détendu qu'aujourd'hui. – Et moi, Ana. Mais tu peux m’appeler comme tu veux, je m’en moque. Ana, me répétai-je dans la tête. Voilà un prénom que je ne voulais pas oublier.

Elle se mit à rire tout en se rasseyant. J'aurais presque pu rire avec elle. Même si je ne savais pas pourquoi. Ce qui aurait été plutôt étrange. Mais la voir sourire de la sorte était cool. Surtout en comparaison de comment je l'avais trouvée en arrivant. Plutôt alcoolisée, les larmes au bord des yeux et l'air déboussolé.
Elle reposa son verre sur le bar après avoir bu et se tourna vers moi, les sourcils froncés mais avec un sourire au bord des lèvres. – Euh ... Alors, Leighton ? On aurait dit un mauvais journaliste. Ceux du genre à ne pas du tout se prendre au sérieux et à partir dans des délires tous seuls. Qu'ils sont d'ailleurs les seuls à comprendre. - Oui Ana ? Dis-je en me prenant au jeu. Elle reprit après s'être éclairci la gorge - Que faîtes vous dans la vie ? Avez-vous une copine ? Un copain ? C'est exactement ce que je ne voulais pas. Devoir lui mentir tout de suite. Alors que nous nous connaissons à peine. J'aimerais lui dire la vérité. Mais déjà que je la trouve déplaisant, alors qu'est-ce que pouvait en penser Ana ? Elle prendrait seulement peur et je ne la reverrais sûrement jamais. J'étais peut-être trop pessimiste parce que je la voyais difficilement faire ça. J'avais placé ma confiance en elle après tout. - Non, je m’en moque de tout ça en fait. C'est trop nul ces questions, j'ai pas besoin de le savoir. J'aurais presque pu lâcher un soupire de soulagement. Je n'avais pas à lui dire n'importe quoi de suite. Peut-être jamais d'ailleurs. Elle m'avait bien apprécié en tant qu'inconnu. - Et vous, mademoiselle, qui êtes vous donc ? Même si cela m'attristait un peu qu'elle ne puisse jamais savoir grand chose de moi, je voulais en savoir plus sur elle.

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Il l’avait changé. Pour le moment un petit peu. Mais avec le temps, il l’a changera complétement, et dans ses bras, avec cette douce chaleur, ça ne l’affolait pas. Au contraire, Leighton la rendait heureuse ; sans trop faire gaffe pourquoi. C’est vrai, on cherche toujours le pourquoi du comment : c’est inutile quand on a le sourire. Ana n’avait pas envie de tout savoir du garçon brutalement, l’amitié perdait toute sa saveur ainsi. Non, il fallait déguster petit à petit, et en apprendre davantage sans trop se précipiter. C’est comme ça se disait-elle. Elle avait déjà essayé avec David d’être heureuse, mais ça allait bien trop vite pour elle. Trop rapide. Des montagnes russes qu’on arrête plus et dont on ressort dégoûté, avec un goût amère dans la bouche.

Lorsqu’elle commença son interview, Leighton eut l’air d’abord amusé, puis mal à l’aise, ce qui intrigua Ana. Avait-il un si lourd passé ? Ou bien était-ce un voleur ? De toute façon, pauvre ou riche, bon ou mauvais, un ami est un ami pensa t-elle. Mais si il n’était là que pour faire le mal ? C’est vrai, des gens sont heureux en faisant le mal. Il n’a pas la tête à ça. Lorsqu’elle eut fini de poser ces questions, ce fut à son tour d’être questionnée. - Et vous, mademoiselle, qui êtes vous donc ? La jeune femme essuya un peu son maquillage. – En fait, j’en sais rien. Elle était hésitante. – Je sais que c’est bizarre dans ma tête, que c’est comme une girouette ; ça change en deux secondes. Je sais aussi que je m’appelle Ana Rosenwald et que j’habite Nothern Avenue dans un petit appartement, et que sur les murs, il y a pleins de mot que j’ai écrit. Après, j’en sais pas plus que toi. Elle se mit à rire, sans trop faire gaffe aux gens qui la regardaient.

⊹pas sans intelligence⊹

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Je crois que je ne m'étais jamais senti aussi en confiance avec quelqu'un que je venais de rencontrer. Je sais qu'aujourd'hui je n'aurais jamais pu tout lui confier sur ma vie. Mais qui sais ce que je lui dirais dans un mois, dans un an, peut-être même dans dix si je n'ai pas été descendu ou arrêté d'ici-là. Même avec mon frère il m'arrivait d'être plus distant. Dans notre enfance, j'étais avec lui comme j'étais avec Ana maintenant. Nous rigolions, nous amusions, parlions un peu. Même si peu de mots suffisaient à se comprendre l'un l'autre. Et puis, il y eu ce rebondissement, celui qui fait que le héros de l'histoire ne peut vivre un vie tranquille. Alors j'avais changé, j'avais menti, je l'étais éloigné des seules vraies valeurs que j'avais. J'étais un criminel et un assassin. Comment voulez-vous que je puisse un jour révéler ceci à mes proches ?

Avant que je ne lui pose ma question sur elle, elle parut s’interroger sur moi. Mais, elle ne dit rien. Elle ne fit aucun commentaire et se contenta de répondre à ma question, en enlevant le maquillage qui avait coulé sur son visage. Je pris mon verre d'eau et bus en écoutant se réponse. – En fait, j’en sais rien. Je trempai un bout de serviette dans le fond de mon verre d'eau qui restait et je lui enlevai d'un geste timide, bien que je sache ce que je faisais, le reste des traces noires sur ses joues. Elle reprit : – Je sais que c’est bizarre dans ma tête, que c’est comme une girouette ; ça change en deux secondes. Je sais aussi que je m’appelle Ana Rosenwald et que j’habite Nothern Avenue dans un petit appartement, et que sur les murs, il y a pleins de mot que j’ai écrit. Après, j’en sais pas plus que toi.

Elle laissa échapper un rire. Puis, on se regarda un moment sans rien dire. - T'as eu une vie chamboulée Ana. Ce que tu m'as raconté sur toi tout-à-l'heure le prouve. C'est normal que tu ne saches plus vraiment où tu en es. Je m'arrêtai un moment, posai une main sur son genoux et ajoutai: - Maintenant, tu as quelqu'un pour t'aider.

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Y’a des gens à qui vous pouvez tout dire, sans faire gaffe, qui vous écouteront et ne diront rien. Silence le plus complet, et pourtant, t’entends sa voix, sa voix qui te dit des mots chaleureux, des mots doux, et ça te donne envie d’en dire plus. Tandis qu’il y a des gens a qui vous dites des choses, ne sont centrés que sur eux et se foutent bien si vous allez mal ou non. Enfin Ana, elle les catégorise comme ça. Après, peut-être existe-t-il des gens entre ces deux types de personnes ? Ou le silence lourd, peut parfois se transformer en une avalanche de mot, tous aussi différents les uns que les autres ? La jeune femme n’avait ni frère ni sœur, ses parents trop inquiets et ne pensant qu’à ses troubles psychologiques et le peu d’amis qu’elle s’était fait tous évaporées en quelques minutes, elle n’avait jamais autant parlé de toute son histoire. D’ailleurs, elle n’aimait pas ça, parler d’elle. Elle préférait éviter les questions avec des phrases loufoques, comme « il fait beau aujourd’hui ». On lui trouvait une certaine ressemblance avec Luna Lovegood d’Harry Potter, et ça la faisait rire, alors Ana répondait ; « c’est mon personnage préféré. » et ils l’a regardaient avec de gros yeux et partaient avec comme seul espoir ne plus lui reparler.

La jeune femme ne voulait pas s’incruster dans la vie de Leighton sans autorisation, comme une voleuse ; elle savait que parfois, ça pouvait être douloureux. Mieux valait laisser le temps faire tout ça à sa place. Il prit un mouchoir et le trempa dans l’eau pour enlever le reste du maquillage qui avait coulé. - T'as eu une vie chamboulée Ana. Ce que tu m'as raconté sur toi tout-à-l'heure le prouve. C'est normal que tu ne saches plus vraiment où tu en es. Il posa une main sur mon genou, et elle manqua de l’éloigner, par pur réflexe, mais elle ne le fit pas. – On peut dire ça comme ça. On peut aussi le présenter comme ça ; je suis folle. Mais c’est un peu plus différent, non ? - Maintenant, tu as quelqu'un pour t'aider. – Toi aussi. Je suis là. Et tu sais quoi ? Merci. Merci pour tout.

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Je ne savais absolument pas qu'elle heure il pouvait bien être. Et pourtant, moi qui habituellement était tout le temps préoccupé par l'heure qu'il était, là, je m'en fichais. Je me disais qu'on aurait pu rester assis ici pendant des jours à parler comme cela que ça ne m'aurait en rien dérangé. Je voyais le bowling se vider un peu autour de nous. Les gens fatigués rentrer chez eux. En famille ou avec ses amis en riant. Je ne me souvenais pas avoir fait une sortie de ce genre en famille. Parce que celle-ci devait être déjà trop déchirée quand nous avions encore le bonheur d'être des enfants innocents et inconscients avec mon frère. Et puis, des sortie entre amis non-plus, je n'en faisais pas. Je n'avais en réalité jamais eu de relation amicale avec qui que ce soit. En y réfléchissant, je me rendis compte que j'étais pratiquement un asocial depuis mon plus jeune âge. Que je n'avais jamais vraiment réussi à m'ouvrir pleinement à quelqu'un. Je n'étais jamais vraiment laissé révéler qui j'étais.

Et puis, comme par magie, j'avais rencontré cette Ana. Un petit rayon de soleil dans une vie très sombre. Une personne gentille, qui ne se prenait pas la tête avec des détails sans importance mais qui s'intéressait tout de même à moi. Je pouvais être simple avec elle sans devoir trop me cacher. Je n'étais pas obligé d'enfermer le vrai Leighton dans cette prison de froideur que je me construisais chaque jours. Je pouvais lui montrer qui j'étais. Pas totalement mais en grande partie. Puis, elle aussi se confiait à moi, et ça me donnait chaud au cœur.

- On peut dire ça comme ça. On peut aussi le présenter comme ça ; je suis folle. Mais c’est un peu plus différent, non ? - T'es pas folle Ana. Moi je ne le vois pas comme ça en tout cas. Quand je te parle, là maintenant, tranquillement, je ne me rends pas compte de ta maladie. Je me redressai sur ma chaise, lui souris gentiment et fouillai dans mes poches pour en sortir un paquet de cigarettes. Autorisé ou non, j'en avais bien besoin. Soirée forte en émotions oblige. Je lui tendis le paquet si elle en voulait une. – Toi aussi. Je suis là. Et tu sais quoi ? Merci. Merci pour tout. -Merci à toi plutôt : tu m'as fait me rendre compte de tellement de choses positives sur moi-même aujourd'hui. Et tu as agi comme une vraie amie. Pour ça, je ne te remercierai jamais assez.

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L’endroit se vidait en même temps que son esprit ; elle savait s’adapter. Petite, sa mère lui répétait souvent « L’intelligence, ce n’est pas de savoir le plus de choses, mais c’est savoir comprendre. » Comprendre. Voilà qu’elle venait de comprendre ce que c’était l’amitié, et que d’avoir quelqu’un pour vous, à vos côtés et de faire de même. Ils lui avaient tout appris sur le bout des doigts, sauf aimer. Parce qu’ils avaient peur, sûrement. Peur de ce qu’elle pourrait faire, peur de ce qu’elle aurait pu devenir et de ce qu’elle était devenue, tout compte fait. Et cette peur c’était propagé, petit à petit, dans son sang, son cœur et son esprit. Et maintenant, elle ne pouvait plus se lier toute seule, sans devoir faire mal. Elle devait cacher des choses, et ça la faisait souffrir. Ana ne pouvait avoir d’amis sans souffrir, mentir ou ...

Devenir vulnérable. Comme maintenant.

Et elle avait rencontré Leighton. Un inconnu. D’un simple regard, malgré qu’il soit froid et distant, elle avait senti un peu de chaleur cachée, enfouie quelque part. Tout le monde a sa part de chaleur, mais celle-ci l’avait interpellé, comme son visage détaché et songeur. En même temps, il ne semblait pas très social de nature, pas très amical, néanmois, Ana avait compris qu’elle aurait pu parler en cas de détresse. Et elle avait tout lâché, c’était parti tout seul, ça lui avait enlevé un énorme poids et lui avait mit en même temps un énorme poing dans le ventre. Une réalité qui se dévoilait enfin. La jeune femme réapprenait petit à petit ce qu’était l’amour sans la tromperie, l’amitié sans les mensonges, la confiance sans le doute. Humaine. Normale, mais pas tout à fait. - T'es pas folle Ana. Moi je ne le vois pas comme ça en tout cas. Quand je te parle, là maintenant, tranquillement, je ne me rends pas compte de ta maladie. - Parce que ... tu as réussi à lire autrement que sur mes mots. Tu t’es pas arrêté à la première impression. C’est ... ouahou. Il lui sourit et lui tendit gentiment une cigarette. Elle accepta, histoire de se sentir encore un peu Ana la rebelle, l’Ana fêtarde qui essaie d’oublier dans l’alcool et la drogue. -Merci à toi plutôt : tu m'as fait me rendre compte de tellement de choses positives sur moi-même aujourd'hui. Et tu as agi comme une vraie amie. Pour ça, je ne te remercierai jamais assez. La jeune fille en eut le souffle coupé. « Comme une vraie amie. » Pour cacher cet étrange sentiment qui l'assomait, elle se mit à fouiller dans son manteau pour trouver un briquer et allumer la cigarette. - J’ai beau ne pas te connaître assez pour te juger, tu dois pas être un si mauvais garçon, Leighton. Après ce que tu viens de faire pour moi, c’est quelque chose. Et maintenant, tu vas devoir supporter une fille comme ça. Une fille comme moi. La fumée de la cigarette fit des petits cercles grisonnants, pour lui rappeler qu’on ne change pas en un claquement de doigt. « Faut faire gaffe. Tout le temps. Sans repit. »

⊹pas sans intelligence⊹

We used to say that we were brother and sister
Ft. Leighton & Ana

Je repensais à toutes ces filles, celles que j'avais cru aimer, celles que j'avais crues apte à me comprendre et à chercher à me rendre heureux. Je les avais crues capables de partager avec moi leurs peurs, leurs histoires, leurs joies. Mais, je m'étais voilé la face. Je n'avais jamais rencontré de personnes aptes à faire cela avant Ana. C'était quelque chose qui m'était tombé dessus comme ça sans prévenir. Et ce n'était pas plus mal après tout.

Mais, je savais que j'allais attendre trop, je savais qu'un jour, soit elle ne croirait plus à cette amitié que nous partagions, soit je me sentirais obligé de tout lui dire. Parce c'est ce que font les gens bien, non, ils sont honnêtes. L'étais-je seulement un peu, quelqu'un de bien ? En quoi tuer des gens juste pour un peu d'argent pouvait être quelque chose de bon ? J'avais beau me trouver des excuses plus stupides les unes que les autres, je savais que je ne continuais à faire cela que parce que c'était la seule chose que je savais bien faire. Tuer. Briser ds familles. Ôter la vie à des personnes qui m'étaient inconnues. Mais, je ne me voyais plus changer. Ma vie s'était construite sur des mensonges, je ne pouvais plus dire ce que j'avais sur le cœur. La peine de mort m'attendrait. Et ma vie ne rattraperait jamais toutes celles que j'ai volé. Je ne pouvais plus revenir en arrière. Changer de vie radicalement pour en construire une nouvelle sur de nouveau mensonges. Je ne m'en sentais plus capable.

Mais, est-ce que pour Ana, la meilleure rencontre que j'ai faite de ma vie, je pourrais me repentir ? Je ne sais pas vraiment. Je ne sais plus rien. Comme si dans mon esprit tout s'embrouillait de questions que jamais je ne me serais posée avant. Je me sentais à la fois heureux de l'avoir rencontrée mais de voir qu'elle ne saurait jamais rien de moi et que j'aillais tout lui cacher me rendait triste. Je me préférais réfléchit et froid quand ce genre de sentiments partagés me traversaient. J'aurais pu éviter ça si j'avais été le mauvais moi. Y avait-il seulement un bon ? Apparemment il y en avait un vu que j'étais venu vers elle. Allait-t-il se montrer ou retourner d'où il venait et s'éloigner au maximum de ses attaches ?

Non, je ne voulais plus de ça. Je voulais me rattraper. A commencer par ne plus fuir devant ce bonheur qui rentre dans ma vie bien que je ne le mérite plus. - Parce que ... tu as réussi à lire autrement que sur mes mots. Tu t’es pas arrêté à la première impression. C’est ... ouahou. Je souris à cette remarque tout en portant ma cigarette à mes lèvres. Elle prit la cigarette que je lui avais proposé. Elle alluma sa cigarette et je pris ensuite son briquet pour allumer la mienne. Je l'écoutai parler tout en aspirant la fumée qui vint me réchauffer la gorge - J’ai beau ne pas te connaître assez pour te juger, tu dois pas être un si mauvais garçon, Leighton. Après ce que tu viens de faire pour moi, c’est quelque chose. Et maintenant, tu vas devoir supporter une fille comme ça. Une fille comme moi. Elle fit des cercles avec la fumée. Ce qu'elle dit me fit chaud au coeur mais, me fit me renfermer aussi. Si elle savait ce que j'avais fait. Punaise. Si le monde entier avait connaissances des crimes que j'avais commis. Qui voudrait me pardonner ? Peu de gens, j'en mets ma main à couper. Et puis, la supporter me paraissait un grand mot. De toute façon, j'étais prêt à tout endurer, à tout supporter avec cette nouvelle force à mes côtés. La force que cette amitié m'apportait. La force qui allait me pousser à avancer. A me remettre en question aussi peut-être. - C'est cool de t'avoir rencontrée Ana. C'est vraiment cool. Dis-je à voix basse, en recrachant au passage de la fumée.

nouveau venu

Parce qu'après tout, on sait jamais.
Ft. Leighton & Ana

Les amis, Ana n’en avait pas auparavant. C’était des gens de passages, qui s’assoient sur le même banc que toi, qui viennent te parler quand ça leurs chantent et ils repartent, content de croire qu’ils avaient quelqu’un, alors que ce quelqu’un n’était pas elle, ce quelqu’un. Elle, elle les laissait croire, jusqu’au jour ou elle disparaissait, sans aucun mot. Et là, ils comprenaient qu’ils s’adressaient à un mur depuis le début, qu’elle n’en avait rien à faire d’eux, qu’ils ne l’intéressaient pas. Il y avait eu David, mais c’était plus que de l’amitié, c’était de l’amour. De l’amour triste. Et puis, peu de temps après son arrivée à Phoenix, il n’y avait pas beaucoup de monde quoi s’intéressait à elle. Enfin si, il y avait Leighton. Leighton dont elle ne connaissait que le nom et le prénom, mais c’était déjà suffisant. Une question s’imposait dans son esprit ; est-ce que ça aussi, ça allait être aussi éphémère que les autres ? Une question de quelques mois, voir semaines ? Après tout, elle ne connaissait rien de lui. Etait-il la pour seulement profiter de la jeune femme, essayer d’en savoir plus ? Etait-ce un médecin envoyé de l’hôpital psychiatrique ? Elle l’a redoutait, cette éventualité. De repartir en hôpital, encore. Sa vie n’avait pas changé du train-train habituel de cet endroit à fou, après tout. Seulement elle pouvait fumer, boire, et danser. Mais ça l’ennuyait. Ana voulait davantage, toujours. Tout savoir dès un regard, c’est chiant. Et là, elle savait qu’il était tourmenté, qu’il se posait des questions. Nerveux, fatigué, comme si il avait commis un crime, et qu’il entendait la voix de la justice résonnait dans sa tête. Watson. Elle portait bien son surnom, en fin de compte.

Est-ce qu’il comprendrait qu’elle est potentiellement dangereuse, et qu’elle a manqué de tué son père ? Comprendrait-il la rancœur qu’elle avait envers ce monde, ou encore l’ennui qu’elle éprouvait quand elle voyait tout ce petit monde en marche ? Qu’elle est instable, folle, malade ? Et surtout, qu’elle ne voulait pas être soignée ? Parce que c’était une part de vérité ; elle ne voulait pas changer. Changer demande trop d’efforts, changer signifie trop de choses. Elle voulait de ces vies vagabondes, mais elle ne pouvait pas encore, de peur de souffrir encore. Mais s’attacher, surtout à un inconnu, n’est-ce pas se destiner à souffrir ? Trop de question dans une si petite tête. Ana tira plusieurs fois dans sa cigarette, laissant la fumer s’envoler petit à petit. « C’était beau l’amour, c’était beau la vie, c’était beau le ciel, c’était beau la pluie ». Ces paroles retentissaient dans ca tête comme une douce mélodie. En temps normal, elle en pleurait, de ces paroles. La jeune femme s’enfermait, se battait contre le vide, contre soi-même. Mais là, elle avait juste envie de serrer Leighton dans sa bras, qu’il lui apprenne davantage de choses, des choses qu’elle ne sait pas. - C'est cool de t'avoir rencontrée Ana. C'est vraiment cool. Il l’avait marmonné, c’était limite inaudible. Elle resta quelques secondes silencieuse, avant de répondre. – J’ai jamais eu de potes avant toi. J'aimais pas comment ils étaient, là-bas.

⊹pas sans intelligence⊹

We used to say that we were brother and sister
Ft. Leighton & Ana

Je m'étais souvent imaginé ce que les gens devaient penser de moi en me voyant pour la première fois. Les gens qui ne se soucient que de la dégaine d'une autre personne. Pour moi, ils me voyaient comme quelqu'un de dangereux, d'étrange, le genre de voisin que tu invites en dernier à venir chez toi parce qu'il ne t'inspire pas confiance. Et, c'est la seule chose que je pouvais attendre des autres parce que, même si j'avais besoin de gens à qui me confier et qui puisse me comprendre, j'étais un criminel et je me devais de me comporter de façon distante et froide. Je revoyais les images de mon père frappant ma mère, et mon frère. En quoi étais-je si différent de cet homme ? En quoi les gens, s'ils m'avaient vus à côté de lui, auraient-vu la moindre différence ? Moi je ne l'aurais pas décelée. Je me souviens si bien des gens dans la rue, quand ils nous croisaient en bonne petite famille, me dire que je ressemblais énormément à mon paternel, physiquement. Finalement ils avaient bien plus raison que ce qu'ils s'imaginaient. Car en plus d'avoir son même regard, ses mêmes cheveux, ses mêmes yeux,...j'étais le même genre de connard que j'avais tant haï.
Je n'aimais pas qui j'étais devenu. Je n'aimais pas me regarder dans un miroir car je pouvais presque voir littéralement le fait que j'ai du sang sur les mains. Mais, je n'avais pas le droit de me plaindre, de me morfondre sur mon sort parce que c'est moi qui avais choisi de faire cela.
On me disait que j'avais bon cœur quand j'aidais quelqu'un. Mais, si cette personnalité n'était aussi qu'un autre mensonge de ma part ? Si cela n'était qu'une création de mon esprit qui, au fil des années à le croire, était devenue réelle pour moi ? Parce qu'après tout, il est possible que seul le tueur existe vraiment. Il est possible que la personne en face de Ana ne soit qu'une invention. Que mon amitié avec elle ne soit qu'une couverture de plus. Non, je ne pouvais accepter cette supposition. Je ne pouvais me résoudre à croire cela. Dans mon cœur ce n'était pas vrai. Il ne fallait pas que ce soit vrai parce que j'avais, au cours de ma vie, attendu quelqu'un pour me tendre la main. Et maintenant, il me fallait juste accepter de la prendre et arrêter de tout remettre en question. Mais, mon esprit avait été formé comme cela. Plein de remise en question, de doutes, de méfiance dont j'aimerais pouvoir me débarrasser pour laisser tomber ce poids de mes épaules. Cela ne m'était pas possible, pas totalement du moins. – J’ai jamais eu de potes avant toi. J'aimais pas comment ils étaient, là-bas. Je ne sais pas vraiment d'où vinrent les mots que je lui répondis alors - J'ai lu, plus jeune : "Le monde est une machine géante et dans une machine il n'y a pas de pièce en trop alors, je me suis dis qu'il y a bien une raison pour que je sois là." Je marquai une pause, tirant de nouveau sur ma cigarette. Elle devait se demander où je voulais en venir. Alors, après avoir laissé la fumée grise s'échapper par ma bouche je rajoutai – Je pense que ça peut s'appliquer aussi aux rencontres, que ce n'est pas un hasard si nous sommes là tous deux à parler aujourd'hui. Je la fixai dans les yeux, un air un peu mélancolique de mes moments d’innocence sur le visage.

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Parce qu'après tout, on sait jamais. (Leigh)

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