CHAPITRE I : Le commencement Je vois le jour il y a 26 ans de cela, dans la charmante petite ville de Leeds, dans une famille tout ce qu'il y a de plus normale. Chez moi pas de parents démissionnaires, alcooliques, violents... Non juste des parents normaux, et aimants comme il en existe encore un certain nombre. Petite, je suis donc gâtée comme une petite princesse, mais dans la limite du raisonnable bien sûr. Mes parents avaient les moyens de vivre bien, ils n'étaient pas riches non plus, mais ils avaient ce qu'il leur fallait.
« Andy, chérie dépêche-toi, tu seras en retard à ton cours de danse ! » « J'arrive maman ! »J'ai vécu seule avec eux durant 4 ans, avant la naissance de ma petite soeur, Jordan, avec qui je m'entends très bien. J'ai eu une scolarité tout ce qu'il y a de plus exemplaire étant à l'époque une petite fille calme et posée. Je faisais tout ce qu'il fallait faire et rien de plus, pas de vague, pas de rébellion, pas de crise d'ado violente. Autant dire que mon enfance fut considérée comme ennuyeuse pour un certain nombre, mais pour moi elle fut tout simplement parfaite. Je pratique la danse de façon relativement intensive, c'est une vraie passion. Au fil des années, cette passion devient une drogue, un exutoire, une façon de m'exprimer.
A 19 ans, mon quota de bonheur prend fin.
« Les filles...vous savez que je vous aime n'est-ce pas ? Je ne veux pas que vous en doutiez... » Jordy et moi étions tranquillement entrain de discuter dans sa chambre
« Ouuuh maman, pourquoi ce ton si solennel ? » Nous nous mettons à rire, totalement inconscientes du fait que nos vies étaient sur le point de changer
« Je...je suis malade les filles...je n'en ai plus pour longtemps... » Et voilà. En une fraction de seconde, tout ce que je connaissais et appréciais, venait de voler en éclats.
Je venais de quitter la maison pour rejoindre l'école des arts de Londres et voilà qu'il me fallait me faire à l'idée de perdre ma mère. Elle finit par nous quitter 3 mois après l'annonce de sa maladie. Mon père dévasté s'enterre dans un mutisme effrayant. Je me retrouve donc obligée de prendre soin seule de ma sœur alors âgée de 14 ans. Je retourne à la maison et mets mes études entre parenthèses. La famille avant tout !
Mon père perd son emploi un an plus tard, suite à un licenciement économique. Commence alors la descente aux enfers : il sombre dans une profonde dépression, de laquelle ni les médecins, ni les psychologues, ni même ma sœur ou moi ne semblaient capables de le sortir. Il faut alors que je subvienne aux besoins de la famille
seule.
CHAPITRE II : Une seconde chance« J'ai peut-être la solution qu'il te faut Leny » « Ah oui ? » Allongée sur le sofa de Keenan, je me redresse, intriguée par ce qu'il venait de me dire. Keenan est le soliste d'une petite compagnie de danse de Leeds et mon nouveau petit ami. Ce qu'il s'apprête à me proposer peut me permettre de sortir la tête de l'eau.
« Je peux peut-être demander à Phillips de te prendre dans la compagnie...il m'a à la botte ! » Je pouffe légèrement, avant de me rallongée, peu convaincue
« N'importe quoi ! Ça fait plus d'un an que je n'ai pas dansé, personne ne me prendra nulle part ! » « C'est ce qu'on verra ! » À peine une semaine plus tard, me voilà membre à part entière du "Northern Ballet" et 1 an plus tard, j'en suis la soliste. Je gagne à présent suffisamment d'argent pour aider mon père. Je danse pour la compagnie avec Keep pendant 2 ans, avant d'être repérée et engagée dans le fameux "American Ballet Theatre" de NY. Le rêve !
CHAPITRE III : Toutes les bonnes choses ont une fin, n'est-ce pas ?« J'en ai marre ! Ras le bol d'être le laissé pour compte...ça me gave ! » « Mais de quoi tu parles Keep ? » « De quoi je parle ? Je ne suis là que pour trois semaines, trois semaines seulement Lena et tu passes ton temps en répétions ou en représentations ! » « Ohhh excuses moi d'avoir un boulot prenant et d'avoir des engagements à tenir MOI ! » « Ah parce que je n'ai rien à faire moi peut-être ? Ah oui j'oubliais que ton boulot est plus important que le mien ! » « Eh ! Stop ! J'ai jamais dis ça ! » Cela fait des heures maintenant qu'on se dispute dans mon loft New-Yorkais. On ne fait que ça ces derniers temps. Keep a du mal à supporter que ma carrière décolle bien mieux que la sienne. Nous sommes mariés depuis un an déjà et depuis, il a totalement changé. Il aurait voulu qu'après notre mariage, je ralentisse un peu sur les spectacles, les tournées et les représentations. Je devais être sa femme, sa petite femme dévouée et forcément inférieure à lui, ce qui ne me déplaisait pas. Mais je n'avais pas l'intention d'abandonner tout ça. Lui non plus n'avait pas l'intention de quitter Leeds. Alors on voyage et on se supporte, mais rien n'est plus comme avant.
« Ca me gave ! Tu me gave ! Tu ne vaut pas mieux que moi...tu ne vaut rien ! » Sur ce, il prend sa valise et quitte mon loft en fulminant, me laissant là, stupéfaite par ce qu'il venait de dire.
Le soir même, je découvre que je suis enceinte.
CHAPITRE IV : Repartir...« Désolé Andrea, mais tu comprends bien que je ne peux pas te garder dans...ton état. »Me voilà enceinte de 4 mois, sans emploi en instance de divorce. Beau tableau n'est-ce pas ? J'ai reçu les papiers la semaine dernière. Keenan ne supportait pas l'idée de savoir que son épouse puisse avoir plus de succès que lui et voilà que je me faisais virer. Quelle ironie ! Malgré tout, je ne lui annonce pas ma grossesse. Il m'a dit que je ne valais rien...je n'ai pas besoin d'un père comme ça pour mon bébé. J'ai de l'argent, je suis jeune et je peux me débrouiller seule, j'en suis sûre. Et puis ce n'est qu'une pause, je reprendrais la danse plus tard, c'était certain. Que faire à présent ? Retourner à Leeds ? Impossible. Mon père et Jordy y étaient, certes, mais Keenan aussi.
Un jour, alors que je passe prendre un muffin dans une petite bakerie non loin de chez moi, mon regard tombe sur une carte postale accrochée sur le côté de la caisse enregistreuse "Kisses from Phoenix". Phoenix hein ? Il paraît que la vie y est belle. Et puis je voulais un endroit loin de tout ça pour élever ma fille. Ce serait donc Phoenix. J'accouche à NY, attend que ma fille puisse voyager et décolle pour l'Arizona.
CHAPITRE V : A fresh new start « Je peux vous aider ? » Surprise, je sursaute et tourne la tête en direction de cette voix providentielle. Mal à l'aise, fatiguée et lasse, le rouge me monte au joues, tandis que je remonte le porte bébé kangourou de ma petite Joy.
« Ca ne vous dérange pas ? » « Bien sûr que non ! » Je soupire en souriant, soulagée de voir ce charmant jeune homme, venir à mon secours. Quelques minutes plus tard, Joy s'est endormie (si ce n'est pas merveilleux la vie de bébé) et j'entre chez moi en compagnie de celui qui semble être mon voisin. A NY, je ne connaissais aucun de mes voisins, je n'avais pas vraiment le temps pour ça. Je couche la petite et le rejoins dans la pièce principale, en passant ma main dans mes cheveux.
« Vous allez bien ? » Immédiatement, les larmes me montent aux yeux, comme à chaque fois que quelqu'un remarque que je ne suis pas au meilleur de ma forme. Je suis fatiguée et un peu déboussolée (après 4 nuits sans sommeil, c'est normal me direz-vous). Je déglutie avec peine, avant d'esquisser un faible sourire et de répondre
« Oui… Enfin… Pas facile de vivre seule avec un bébé de trois mois. » Moi, Andrea Mickaelson, me confiant de cette façon à un parfait inconnu ? Soit je suis incroyablement fatiguée, soit cet homme à un effet particulier sur moi.
« Je… Je pourrais peut être t’aider de temps en temps. Enfin. Si tu veux. » Cet homme sorti d'on ne sait où, avait volé à mon secours et me proposait un coup de main à présent. N'importe qui de différent ferait très certainement preuve de scepticisme face à tant de gentillesse apparemment désintéressée, mais moi, pas du tout. Je lui suis juste infiniment reconnaissante. J'accepte son aide, le raccompagne et entreprend de ranger mes courses, la tête dans les nuages. J'étais dans une ville que je ne connaissais pas, sans boulot (avec de l'argent, certes, mais sans boulot quand même), dans laquelle je ne connaissais personne et malgré tout, là, à cet instant, je me sens étrangement bien, en confiance, même rassurée. À bien y regarder, Nathéan avait tout du prince charmant dont je rêvais enfant. Mais si vous savez : le prince, d'une beauté sans pareil, qui voit une damoiselle en détresse et qui accourt sans plus réfléchir...voilà, c'est Nathéan. Cette pensée me fait doucement sourire, alors que ma fille se réveille.
Depuis ce jour, il est devenu un ami, un ami très proche et très important pour moi, du moins, c'est ce que je clame sur tous les toits. En vérité, il me plaît, il me plaît beaucoup, c'est effrayant. C'est un soutien, un pilier et au fil des jours, je me surprends à avoir besoin ou plutôt envie de sa présence. Je lutte chaque jour un peu plus fort, contre mes délires, mes pensées qui ne pourront jamais se réaliser. Je veux dire, je suis divorcée et j'ai un bébé de bientôt 4 mois. Nathéan semble l'apprécier, nous apprécier, c'est vrai, mais qui voudrait se lancer dans une relation si compliquée. J'ai parfois du mal à oublier que dans le fond, il n'est que mon voisin, pas le père de ma fille et j'ai tendance à lui en demander un peu trop. Bien sûr, il ne se gêne pas pour me faire comprendre que je dépasse les limites, ce qui me conforte encore plus dans l'idée qu'il ne pourra jamais rien se passer entre nous. Je dois renoncer à ces stupides illusions d'adolescentes qui me font espérer que le prince charmant que j'ai vu en lui le premier jour, n'est pas, tout simplement parce que nous sommes dans la réalité. Il a sa vie bien à lui et Joy et moi n'en faisons pas entièrement partie. Quelle triste vérité.