12 octobre 1988. Une nuit d'automne sûrement glacial dans plusieurs endroits du monde, mais assez chaude pour Los Angeles. C'est cette nuit que je vois le jour. Ma mère est en sueur au moment d’entrée à l’hôpital. Ses contractions sont violentes. Il faut dire que je suis le premier bébé qu'elle met au monde. Ma naissance ne se déroule pas de manière très facile. Plusieurs heures s’écoulent. Plusieurs heures de calvaire pour ma mère et mon père qui se fait de plus en plus de soucis pour sa femme. Puis finalement, à 5h21 du matin, je vois le jour. L’infirmière me dépose sur le ventre de ma mère en larmes. Mon père vient embrasser sa femme, versant une larme lui aussi.
« Félicitation chérie. Tu as très bien fait ça. » Ma mère ne dit pas un mot, se contentant de sourire en venant déposer un baiser contre mon front.
« Alors, comment est-ce qu’on l’appelle ?? » La jeune femme marque une pause, réfléchissant bien. Puis, une éclaire de génie semble avoir traversée son esprit.
« Freya. Freya Winny Hasting. » Mon père fronce les sourcils, un peu surpris par sa proposition.
« Freya !? Tu ne trouves pas que c'est un peu trop unique. » Une nouvelle fois, elle lui sourit d'un air ravi.
« Oui, unique. Exactement comme elle. »♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥
J'ai cinq ans. Assise de manière un peu bancale dans le couloir de l'hôpital, j'attend. J'attend ce miracle qui n'arrivera jamais. Mon père fait les cents pas, pleurant à chaud de larmes. Je sais que c'est peine perdue. Je sais que maman ne reviendra pas. Son accident de voiture a été beaucoup trop grave. Ça fait des semaines qu'elle est dans le coma. Ça fait des semaines qu'on s'accroche à un espoir vain. De toute évidence, mon père en a assez. Je l'entend discuter avec une infirmière. Encore une fois, il a la voix étouffée par les sanglots. Je ne saisie pas trop ce qu'ils se racontent, mais de là où je suis, je perçois le mot
débrancher. Je me relève instantanément de mon siège, folle de colère.
« NOOOOOOOON !! Vous avez pas le droit de débrancher ma maman !! » Je fonce sur eux comme une furie, mais mon père me retient fermement, me serrant fort dans ses bras.
« On a pas le choix Freya. Ce n'est pas humain de garder ta maman ainsi. » Sa voix s'étrangle instantanément et ma colère est aussitôt remplacée par une profonde tristesse. Je le laisse me serrer dans ses bras et on pleure tout les deux. Il est temps de rejoindre la chambre à présent. Il est temps de faire nos adieux. Je fonce presque instantanément vers le lit où ma mère repose. Pourtant, je sens déjà qu’elle n'est plus là. Ce n'est qu'une enveloppe vide. Ma mère nous a définitivement quittée, et pour une petite fille de mon âge, c'est dur à avaler. Ma petite main vient doucement s'emparer de la sienne que je sers de toutes mes forces. Une petite larme roule sur ma joue avant que je n'ouvre la bouche.
« Adieu maman... » Et sur ce, je vois le moniteur qui commence à ralentir un peu plus à chaque seconde.
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J'ai toujours tue la nuit de mes sept ans à tout le monde. Enfin, à presque tout le monde. J'ai tout racontée à maman en allant la voir au cimetière. En fait, c'est à elle que je raconte tout en général. Je sais qu'elle me comprend. On est exactement pareilles toutes les deux. Pleine de vie, active, adorant rire de tout et de rien, ... Plus que tout, on partage exactement la même passion. Maman était une comédienne très connue à L.A. Elle a fait tout un tas de films en tant que rôle secondaire, mais tout de même. De mon côté, j'ai beau avoir tout juste douze ans, il ne fait nul doute que je marcherai dans ses traces. J'ai toujours su qu'un jour ou l'autre je graviterais dans le monde du showbizz. C'est d'un pas assuré que je retourne à notre immense maison familiale, pressée de revoir mon père qui rentre à peine d'un voyage d'affaires. Cela dit, dès mon entrée dans la maison, je me rend bien compte que quelque chose cloche. Il y a des valises dans l'entrée que je n'ai encore jamais vu de ma vie. En d'autres termes, mon père n'est pas rentré seul. Me voyant plantée là, le regard remplit de questions, il s'approche de moi, un sourire tendre aux lèvres.
« Salut ma puce. » Il me serre dans ses bras, mais je m'en dégage vivement. Autant passer aux choses sérieuses dès maintenant.
« Elles sont à qui ces valises ?? » Je les pointe de manière dégoûtée. Mon père ne dit rien, mais il soupire bruyamment.
« Écoutes Freya, je sais que j'aurais dû t'en parler avant toute chose, mais... » « Mais regardez-moi ce belle ange !! » Je me retourne vivement vers les escaliers d'où descend une superbe femme blonde aux manières plus que parfaite. D'ailleurs, je ne l'aurais peut-être pas autant détestée si elle n'avait pas été aussi parfaite.
« Bonjour Freya. Je m'appelle Anna. » « Salut... » Je ne lui dis rien de plus. Non mais c'est qui elle ?? Une orpheline que mon père a adoptée sur le bord de la route ?? En tout cas, elle aurait largement pu être ma soeur. Mais au moment où il vint la prendre par la taille, une forme de poignard s'insinua dans mon coeur.
« Chérie, Anna et moi on va se marier et on va vivre tous ensemble. » Je suis sans mot. Non mais comment peut-il oser ?? Maman n'a donc à ce point plus d'importance à ses yeux ??
« Je suis hereuse d'être ta nouvelle maman Freya. » Elle pose sa main contre mon épaule mais je la repousse vivement.
« Fais-toi pas trop d'idée. Tu ne seras jamais ma mère. » « Freya !! » Mais je ne l'écoute plus. Je me précipite plutôt vers ma chambre pour me jeter sur mon lit. Cette fille ne sait pas dans quoi elle s'embarque. Je vais faire de sa vie un enfer.
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J'arrive pas à croire qu'il m'enferme ici. Ce pensionnat est une vraie prison. On a un uniforme, des règles très strictes à respectées et un horaire bien tissé. En d'autres termes, on nous apprend comment devenir de parfaite petites religieuses. Comme si c'était ça que je voulais faire dans la vie !! Bon, je sais, j'ai déconné. Conduire la voiture familiale alors que j'étais soûle morte n'était peut-être pas l'idée du siècle, d'autant plus que je n'ai même pas encore eu mes quatorze ans. Mais tout de même, mon père aurait pu trouver une meilleure manière de me punir. Il aurait pu simplement me hurler dessus, j'aurais comprit la leçon. À croire qu'il n'en a que pour Anna et les jumeaux qui s’en viennent. De la fenêtre de ma chambre de prison, je le vois qui m'envoie la main mais je ne lui retourne pas sa salutation. Bordel, je vais devenir dingue ici. Pas d'amis, pas de téléphone, pas de manière de me défouler un minimum. Il veut ma mort, c'est définitif.
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Six mois se sont écoulés. Mon père vient finalement me reprendre. Enfin. Je n'en peux plus de cet endroit, de ces sœurs qui surveillent nos moindres faits et gestes. Enfin, je vais regoûter à la liberté et je ne risque pas de recommencer. J'ai appris ma leçon. Cependant, en montant dans la voiture, je garde le silence. Je sais qu'en arrivant à la maison, quelque chose de nouveau m'attend. Anna a eu ses jumeaux. Un garçon et une fille, d'après les dires de mon père. Je me doute que je vais avoir perdue ma place dans la maison. Je les imagine déjà avoir envoyée toutes mes affaires un peu plus loin dans la maison afin de donner la meilleure chambre à leurs nouvelles progénitures. Je leur en veux encore plus pour ça. Mon père finit par se stationner dans notre grande allée et il me tira pratiquement par le bras, pressé de me présenter mon frère et ma soeur. Il ne se rend vraiment pas compte que je n'en ai vraiment pas envie ?? En entrant dans la maison, je me rend compte qu'il y règne un silence de mort. Anna est assise dans une chaise berçante, tenant un bébé dans chaque bras. Elle me sourit d'un air réjouie, me faisant signe de m'approcher.
« Freya, je suis tellement heureuse de te voir !! » À ma grande surprise, elle a l'air sincère. Elle ne semble même pas en colère.
« C'est.. c'est vrai !? » Son sourire s'agrandit davantage.
« Évidement. La maison était vide sans toi. C'est toi qui lui permet de s'animer. Et puis, les enfants avaient hâte de connaître leur grande soeur. » Elle jette un regard attendrit à ses bébés et je ne peux m'empêcher de sourire à mon tour. C'est vrai qu'ils sont adorables. Ils sont si petits, si fragiles. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne peux m'empêcher de les aimer, déjà. Mon père prend son nouveau fils dans ses bras et Anna s'empresse de se saisir doucement de ma main, l'effleurant de son pouce.
« Écoutes Freya, je sais que je ne pourrai jamais remplacer ta mère et je le comprend, mais tu ne crois pas qu'on pourrait essayer de s'entendre, toutes les deux ?? Je suis certaine qu'on y arrivera. » Je sens mes yeux se gonfler de larmes et instantanément, je viens me blottir contre ma belle-mère. Sa main caresse doucement mes cheveux.
« D'accord. »♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥
Ahhhhhh l'université !! Je n'arrive pas à croire que j'en suis déjà là.Je suis excitée comme une puce, mais en même temps, je suis morte de trouille. En même temps, je n'ai pas à me plaindre. Contrairement à beaucoup d'autres qui ont dû quitter leurs villes natales pour venir étudier à L.A., je demeure toujours chez moi. J'y suis bien. Je peux observer mon frère et ma soeur grandir et en même temps, ça me permet de rester auprès de mes parents. J'adore Anna. Elle est loin d'être la méchante sorcière que je m'imaginaire. Non, elle ne remplacera jamais ma petite maman, mais elle sait tout de même se montrer très présente pour moi et je l'en remercie. J'entre avec assurance dans mon premier cours. Enfin, je vais pouvoir réaliser tous mes rêves. Je vais devenir actrice et rien ni personne ne pourra m'en empêcher. Je cherche une place à travers la salle et je finis par en apercevoir une, juste à côté d'une superbe rousse. Le sourire aux lèvres, je m'approche d'elle.
« Ca te dérange, si je m'installe là ?? » Elle relève les yeux dans ma direction, haussant simplement les épaules. Pas de sourire, rien.
« Non. » Elle semble assez froide au premier abord, mais je n'en fais pas vraiment de cas. Je me contente plutôt de m'installer à ses côtés, conservant toujours mon air ravi sur le visage. À croire que ma joie de vivre ne me quittera jamais.
« Je m'appelle Freya et toi ?? » J'ai tout de même l'impression de la déranger un peu. Cette fille semblait assez bien dans son petit univers, sans que j'aie besoin de venir pénétrer sa bulle. Dans un sens, je n'arrive pas à saisir son attitude. C'est une superbe jeune fille. Elle devrait être beaucoup plus fière de sa personne que ça. Et pourtant, elle reste toujours dans un silence complet, finissant enfin par relever les yeux vers moi. Elle m'offre finalement un léger sourire.
« Hela. » Hela !? Wow, je ne suis pas la seule à avoir eu des parents avec des idées de prénoms assez originales...
« C'est un joli prénom. Il est atypique, tout comme le mien. » Je tente tout pour avoir une conversation avec cette fille. Je ne veux pas la laisser enfermée dans sa bulle comme elle l'est. Je suis certaine qu’elle gagne à être connue et je compte bien percer sa carapace. Cependant, ce n'est pas aujourd'hui que ça va se faire. La belle fille à la crinière de feu semble réellement vouloir rester dans son petit monde, ne me soufflant que des phrases courtes. Du même coup, je baisse un peu les bras, tentant de me concentrer sur le cours. Néanmoins, elel n'en a pas finit avec moi. Je ne vais pas la lâcher d'une semelle.
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« On s'appelle, on se skype, watssap et tout et tout !! » Quatre années se sont déjà écoulées. Quatre années pendant lesquelles j'ai vécue les plus beaux moments de ma vie, la plupart en compagnie d'Hela. J'ai bien fait de ne jamais baisser les bras avec elle. Au fil du temps, la jeune femme frigide qu'elle était lors de notre toute première rencontre est devenue la meilleure amie que je n'ai jamais eu. Pas l'une de ces potiches avec qui j'étais copine au lycée et qui m'entraînaient dans des plans tordus, non non, une vraie amie. Le genre qu'on garde toute notre vie. On en a fait des trucs ensemble. On a rit, on a pleurées, on a fait des virées de shopping grandioses. On a vécues, tout simplement. D'ailleurs, le simple fait de penser à ces souvenirs dans cet aéroport me donne envie de pleurer. Hela,
MA Hela se retourne à Phoenix. Elle va me manquer, ça va être atroce.
« On se voit à Phoenix à la fin de l'été et je reviendrais sur Los Angeles dès que possible. » On pleure toutes les deux comme des dingues, attirant les regards des passants. Dans un sens, je m'en fiche complètement. Je ne vais certainement pas cacher mes sentiments pour des stupides passagers. Ma meilleure amie me quitte à contre-coeur, prête à passer la douane pour rentrer chez elle. Finit les études pour nous, on passe dans le monde des grands à présent. Je reste plantée sur place, essayant de dessiner un mince sourire malgré les larmes qui coulent toujours sur mes joues.
« Je vous aime, miss Hela !! » dis-je fortement en imitant la voix du personnage de mon cours de théâtre. Ahhh, les cours !! Hela m'avait si souvent entendue pratiquée et donnée la réplique qu’elle devait en avoir plus que marre à présent. Elle éclate de rire, m'en voyant un baiser soufflé.
« Je vous aime aussi, miss Freya !! » J'éclate de rire à mon tour, la regardant s'éloigner de plus en plus de moi. C'est très dur pour l'instant, mais je sais qu'on finira par se revoir. On se l'est jurée. Notre amitié sera éternelle.
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On l'a fait. On est allée se voir le plus souvent possible. À chaque Noël, Hela venait faire un tour sur Los Angles, et à l'été, c'était moi qui passait par Phoenix afin qu'on puisse encore parler de tout et de rien et qu'on prenne du bon temps l'une avec l'autre. Deux ans se sont écoulés. Deux années qui ont passées à la vitesse de l'éclaire. Je ne me suis pas encore trouvée de casting pour une série ou un film, mais au moins, j'ai un peu de boulot. Entre autre, je suis modèle pour des étudiants en arts et je suis aussi mannequin pour de petites marques. Néanmoins, j'ai bien besoin de me vider l'esprit. J'ai besoin de m'éloigner de la grande ville pour aller dans un endroit plus calme. J'ai besoin d'Hela, tout simplement. C'est pourquoi je décide aujourd'hui de plier baguages pour aller m'installer à Phoenix quelque temps. Ma famille se porte à merveille de toute façon. Mon frère et ma soeur ont terriblement grandit, et bien qu'ils vont me manquer, j'ai besoin de décompresser un peu, et qui sait, de peut-être reprendre des études en soins vétérinaire. On ne se ferme aucun porte dans la vie.
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